Discussion
Aujourd'hui, tandis que Martine, une gentille dame de la crèche, me changeait la couche, je lui ai posé une question qui me taraudait depuis plusieurs jours :
"Les romantiques, qui sont des enfants de la liberté, n'ont pas saisi l'opportunité et ont passé leur temps à pleurnicher, bien plus que n'importe lequel de ces bébés qui m'entourent. Est-ce qu'il n'y a pas là un paradoxe ?"
Elle a pris une grande inspiration -qui n'était pas romantique- m'a beurré le fondement avec du liniment et m'a répondu :
"Certes, mais cette liberté n'a pas été accompagnée.
- Que voulez-vous dire par là ?
- Eh bien, lorsque la sensibilité est livrée à elle-même, elle entretient une certaine complaisance.
- Je ne suis pas tout à fait d'accord. La sensibilité est capable de se discipliner.
- Si tel était le cas, les romantiques n'auraient pas existé."
Sur ces bonnes paroles, elle m'a enfilé une salopette et m'a demandé de rejoindre mes petits camarades.